« Nous sommes partis un lundi de juillet », raconte Ahmet. « Après quelques jours en mer, des gens ont commencé à mourir. Sur les 103 personnes à bord, il n'en restait que 45. » L'année dernière, près de 60 000 personnes ont rejoint les îles Canaries en empruntant la périlleuse route migratoire à travers l'océan Atlantique. Les îles Canaries sont un territoire espagnol, et de nombreux migrants espèrent ainsi obtenir un titre de séjour en Europe. Ils partent de villages côtiers du Sénégal à bord de petites embarcations. Selon le gouvernement espagnol, plus de dix mille jeunes n'ont pas survécu à la traversée. Un bilan tragique. Au Sénégal, les jeunes risquent leur vie car les perspectives d'avenir sont minces dans leurs villages. Le changement climatique y contribue également. Le village côtier de Djiffer est menacé de disparition sous les flots. La mer monte, les terres agricoles se salinisent et le travail se fait rare. Un jeune de moins de 34 ans sur trois est sans emploi.

Le documentaire « Wecco Wacko Farm Club » dresse le portrait de ces personnes derrière les chiffres et explore comment un système agricole agroécologique peut offrir une solution aux conséquences du changement climatique. Dans son plan 2050, le gouvernement sénégalais affirme vouloir gagner en autonomie et accroître sa production alimentaire afin de réduire sa dépendance aux importations. Le film nous emmène ainsi à la rencontre de femmes qui gèrent collectivement des champs agroécologiques et créent des coopératives, et de jeunes qui plantent des arbres dans la mangrove, développent des systèmes d'irrigation innovants ou collectent le plastique pour maintenir la propreté de leur village. Un récit de résilience et de créativité.

« Nous devons inventer un système entièrement nouveau », déclare Mamadou. « Pas celui qui nous est imposé de l'extérieur. » Je pense que cela contribuera aussi à freiner l'exode des jeunes. Mon meilleur ami s'est noyé en mer, et je lui avais dit de ne pas partir. Si je peux montrer aux autres jeunes que c'est possible, je pense qu'ils suivront mon exemple.

Le journaliste et documentariste Roel Nollet a réalisé ce documentaire avec les étudiantes en journalisme Manon Cools (Thomas More Mechelen), Evy Coeckelbergs (Arteveldehogeschool Ghent) et Fousseyni Touré (Université de Thiès).

#ridewithus

#ridewithus